Le Douaisis, terre de logistique : entre précarité d’emploi et défaut de formation

Publié le 19 Janvier 2013

PUBLIÉ LE 18/01/2013 - MIS À JOUR LE 17/01/2013 À 18:29

Par QUENTIN LAURENT

Avec l’implantation prochaine d’un entrepôt gigantesque pour Amazon à Lauwin-Planque, le Douaisis confirme sa qualité de terre de logistique. Nouvel eldorado pour l’emploi? Sans doute, mais précaire. Quant à la formation, la situation n’est pas encore idéale.

Les caristes d’entrepôt ne sont pas seulement amenés à conduire des engins de manutention.

Les caristes d’entrepôt ne sont pas seulement amenés à conduire des engins de manutention.

 

« Maintenant tu tournes tout doucement, voilà. Passe bien entre les cônes! », David Berche, formateur logistique, conseille un de ses apprentis caristes d’entrepôt à l’AFPA de Cantin. Depuis cinq ans, l’AFPA propose des formations badgées «logistique». « On a épousé le développement de la logistique dans le Douaisis avec l’implantation de gros entrepôts comme ceux de Kiabi ou Big Ben », explique Philippe Charlet, manager des formations transports et logistique. Selon Pôle emploi, 13% des offres d’emploi enregistrées dans le Douaisis correspondent au secteur de la logistique, contre 5% au niveau régional. Le taux de chômage avoisine les 14%, alors la main-d’œuvre disponible s’adapte. « Voir que l’arrivée d’Amazon va apporter 2 500 emplois, ça donne de l’espoir, souffle Thomas, 30 ans, qui suit une formation de préparateur de commande. J’aimerais bien trouver un CDI pour me lancer vraiment dans la vie. » Depuis ses 19 ans, il n’a connu que des missions intérim.

Selon une étude réalisée par Pôle emploi en 2011, les transports et entreposage sont, avec l’industrie automobile, le secteur d’activité le plus porteur en intérim dans le Douaisis. Les intérimaires servent de variable d’ajustement à l’activité des entreprises de logistique, qui peut changer d’un jour à l’autre. « Il faut être conscient qu’en logistique, il y a une précarité de l’emploi en ce moment, constate Dominique Seddaoui, psychologue du travail à l’AFPA.Les intérimaires ne peuvent pas se projeter dans l’avenir, ni contracter de prêts bancaires.» C’est un secteur très concurrentiel, où les missions intérimaires sont d’ailleurs les plus courtes, avec 6,1 jours ouvrés contre 8,6 en moyenne dans le Douaisis. « Si tu ne fais pas l’affaire, il y en a d’autres qui attendent », témoigne Gaëtan, 28 ans.

Pour lui, un objectif : obtenir le certificat d’aptitude à la conduite en sécurité (CACES). « C’est demandé dans toutes les annonces d’offre d’emploi, même celles de préparateur de commande. »

Le CACES permet de conduire des engins de manutention après avoir suivi une semaine de formation. C’est le Saint-Graal pour bon nombre de logisticiens, même si son statut est nébuleux. « Le CACES c’est simplement quelque chose d’administratif en rapport avec la sécurité. Il n’est pas obligatoire pour conduire en entrepôt mais il peut aider à obtenir l’autorisation de conduite délivrée par le directeur de l’entreprise qui est, elle, une nécessité», indique David Berche, formateur AFPA. Pour lui, c’est un document qui dédouane les entreprises de la formation des caristes. « Avant, le cariste était un pousse-palette, maintenant c’est beaucoup plus compliqué avec la gestion informatique de stocks, etc. » Le CACES n’est pas un diplôme, les détenteurs doivent le repasser au bout de cinq ans. « Le problème, c’est que dans les candidatures, les gens formés en une semaine sont rangés dans la même pile que ceux qui en ont fait quinze », déplore Philippe Charlet.

Chaque année, l’AFPA forme 250 caristes d’entrepôts, un titre professionnel du ministère du Travail, et délivre 2 500 CACES. « Les entreprises embauchent des personnes qui ont le CACES pour se couvrir niveau sécurité par rapport à la CRAM et comme ce n’est pas un titre du ministère du Travail, la rémunération est moindre », assène Philippe Charlet. Sans diplôme, les employés sont formés à la méthode de travail d’une entreprise mais sont peut-être moins polyvalents que les diplômés. « Alors qu’u ne formation donne la culture et lelangage général de la logistique », conclut David Berche.


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Rédigé par Zac_Lauwin-Planque

Publié dans #Investisseurs - Emplois

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